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1er Avril

État de droit et principe de légalité

Par 1 avril 2022mai 9th, 2023No Comments

LE PREMIER JOUR

Au commencement était l’État de droit.

L’État de droit était l’État de droit, et vice-versa. Tout a existé par l’État de droit et rien de ce qui existe n’a existé sans l’État de droit.

L’État de droit se réveilla. Puis Il bâilla, se gratta un peu, se leva et s’étira. Et l’État de droit s’assit sur son Trône. Car son Trône existait déjà, bien que l’État de droit n’eût pas encore créé la lumière, bien qu’Il n’eût pas encore créé l’Éternité, bien qu’Il n’eût pas encore créé le principe de légalité.

Puis l’État de droit vit qu’Il était encore dans le Néant : la lumière n’avait pas encore été créée. Comme Il n’aimait pas le tohu-bohu, ni la chienlit, ni le néant, ni l’obscurité, ni même l’obscurantisme, l’État de droit dit :

« Que la lumière soit ! »

Et la lumière fut.

Et le soleil se mit à briller dans le ciel.

Alors, l’État de droit réalisa que le temps n’avait pas encore été créé, ni l’Éternité. Or, l’Éternité, c’est long, très long, vraiment très long. Surtout vers la fin. Aussi, l’État de droit dit :

« Que l’Éternité soit ! »

Et l’Éternité fut.

Puis, l’État de droit dit :

« Que le principe de légalité soit ! »

Et le principe de légalité fut.

Ainsi, la légalité était l’État de droit et l’État de droit était la légalité.

Dorénavant, l’État de droit était le principe de légalité et le principe de légalité était l’État de droit.

Alors, l’État de droit contempla son œuvre, vit que cela était juste et bon, et l’État de droit fut satisfait et dit :

« Ceci est juste et bon ! »

Ainsi s’acheva le premier jour.

LE DEUXIÈME JOUR

L’État de droit se réveilla, vit que le soleil brillait dans le ciel. Puis Il bâilla, se gratta un peu, se leva et s’étira. Et l’État de droit s’assit sur son Trône et contempla son œuvre.

Désormais, on voyait le soleil briller dans le ciel : le Néant avait été repoussé dans le lointain, bien au-delà de l’horizon ; il n’y avait plus d’obscurité, sauf la nuit, ni d’obscurantisme. L’État de droit se souvint qu’Il avait créé la lumière et l’Éternité et le principe de légalité le jour précédent. On avait maintenant le temps de prendre son temps et de respecté la légalité.

L’État de droit était le principe de légalité et le principe de légalité était l’État de droit. Alors, l’État de droit fut satisfait et dit :

« Cela est juste et bon ! »

Mais Il estima qu’en ce deuxième jour, il fallait créer autre chose.

Aussi, Il créa l’Univers, les galaxies, les étoiles, les planètes et les comètes. L’État de droit créa aussi les trous noirs et les pulsars. Et Il choisit une planète parmi toutes, Il y créa les océans et les terres émergées, les plaines et les montagnes, les fleuves et les ruisseaux, les forêts et les déserts.

Et l’Univers fut créé, ainsi que les galaxies, les étoiles, les planètes et les comètes ; les trous noirs et les pulsars ; les océans et les terres émergées, les plaines et les montagnes, les fleuves et les ruisseaux, les forêts et les déserts.

Alors, l’État de droit contempla son œuvre, vit que cela était juste et bon, et l’État de droit fut satisfait et dit :

« Ceci est juste et bon ! »

Ainsi s’acheva le deuxième jour.

LE TROISIÈME JOUR

L’État de droit se réveilla, vit que le soleil brillait dans le ciel. Puis Il bâilla, se gratta un peu, se leva et s’étira. Et l’État de droit s’assit sur son Trône et contempla son œuvre.

Puis Il se souvint qu’Il avait créé la lumière et l’Éternité et le principe de légalité le premier jour. Il était désormais habituel que le soleil brille dans le ciel et que la légalité soit respectée. L’État de droit se rappela aussi qu’Il avait créé l’Univers, les galaxies, les étoiles, les planètes et les comètes ; les trous noirs et les pulsars ; les océans et les terres émergées, les plaines et les montagnes, les fleuves et les ruisseaux, les forêts et les déserts.

Maintenant, l’État de droit était le principe de légalité et le principe de légalité était l’État de droit. Alors, l’État de droit fut satisfait et dit :

« Cela est juste et bon ! »

Mais Il songea qu’en ce troisième jour, il fallait parfaire son œuvre, créer autre chose. La lumière et l’éternité, l’Univers, le règne minéral et le règne végétal ne suffisaient pas : il manquait le règne animal.

Aussi, Il créa les espèces de toutes sortes, vertébrés et invertébrés ; poissons, reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères. Il créa même les primates, et accorda une attention toute particulière à l’un d’eux, qui était plus malin que les autres primates, mais pas tant que ça tout de même. Ce primate pas comme les autres se tenait debout : il marchait à quatre pattes dans l’enfance, sur ses deux jambes à l’âge adulte, et sur trois pattes dans la vieillesse, et il était vraiment très malin. Mais il ne pouvait rivaliser en intelligence avec son Créateur, l’État de droit.

Et le règne animal fut créé, vertébrés et invertébrés ; poissons, reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères ; et surtout, un primate plus dégourdi que les autres, mais pas tant que ça tout de même.

Alors, l’État de droit contempla son œuvre, et surtout le primate qu’Il avait créé à son image, vit que cela était juste et bon, et l’État de droit fut satisfait et dit :

« Ceci est juste et bon ! »

Ainsi s’acheva le troisième jour.

LE QUATRIÈME JOUR

L’État de droit se réveilla, vit que le soleil brillait dans le ciel. Puis Il bâilla, se gratta un peu, se leva et s’étira. Et l’État de droit s’assit sur son Trône et contempla son œuvre.

Alors Il se souvint qu’il avait créé la lumière et l’Éternité et le principe de légalité le premier jour, puis l’Univers le deuxième jour, mais aussi le règne animal, le règne végétal, le règne animal et un primate insolite, le troisième jour.

Désormais, l’État de droit était le principe de légalité et le principe de légalité était l’État de droit. Alors, l’État de droit fut satisfait et dit :

« Cela est juste et bon ! ».

Mais Il songea qu’en ce quatrième jour, il fallait parfaire son œuvre, innover. La lumière et l’éternité, l’Univers, les trois règnes et le primate singulier, tout cela ne suffisait pas. L’État de droit vit que ce primate étrange était doué pour la castagne, les bandes organisées et les coups tordus. En effet, l’État de droit l’avait créé à son image. L’État de droit réfléchit et décida de confier une mission éminente et admirable, grandiose et incomparable, ineffable et transcendante à ce primate excentrique.

Aussi, l’État de droit convoqua le primate, et Il s’adressa à lui collectivement et lui ordonna : « Croissez et multipliez-vous ! Faites la guerre sans désemparer, du matin au soir et du soir au matin ! Étripez vos congénères ! Détruisez sans désemparer le règne minéral, le règne végétal et le règne animal ! »

Le primate insolite descendit de son arbre, où il vivait, se présenta devant l’État de droit et s’inclina obséquieusement devant son Créateur, l’État de droit, et il écouta soigneusement son Créateur. Et le primate picaresque s’activa afin d’exécuter cet ordre de son Créateur, l’État de droit, qui l’avait créé à son image.

Alors, l’État de droit vit que le primate était seul. Et Il décida de lui créer une compagne. Il enleva une oreille et une narine au primate esseulé, et Il les mélangea et avec cette oreille et cette narine, Il créa une pétasse épidémiologique, dopée au cortisol capillaire et shootée à l’endométriose. Et Il la choisit surtout parce que le beau-père de la pétasse était capable d’évaporer, et même de sublimer, six cent quatre-vingt onze mille euros et treize centimes, et même plus encore en cas de besoin.

Le primate imprévisible descendit de son arbre, où il vivait, se présenta devant l’État de droit et s’inclina respectueusement devant son Créateur, l’État de droit, et il remercia son Créateur pour cet inestimable cadeau. Et le primate truculent retourna au quatrième étage de la canopée, avec la virago épidémiologique.

Alors, l’État de droit contempla son œuvre, et surtout ce primate qu’Il chérissait par-dessus tout, parce qu’Il avait créé à son image ; Il vit que cela était juste et bon, et l’État de droit fut satisfait et dit :

« Ceci est juste et bon ! »

Ainsi s’acheva le quatrième jour.

LE CINQUIÈME JOUR

L’État de droit se réveilla, vit que le soleil brillait dans le ciel. Puis Il bâilla, se gratta un peu, se leva et s’étira. Et l’État de droit s’assit sur son Trône et contempla son œuvre.

Et Il se rappela qu’il avait créé la lumière et l’Éternité et le principe de légalité le premier jour, puis l’Univers le deuxième jour, mais aussi le règne animal, le règne végétal, le règne animal ; et même, le troisième jour, Il avait créé un primate insolite, Il l’avait créé à son image. L’État de droit se souvint aussi qu’Il avait confié au primate insolite une mission divine le quatrième jour, et qu’Il avait donné une tendre moitié à sa créature, le primate imprévisible, le quatrième jour.

Alors, l’État de droit vit que le primate intelligent, mais pas tant que ça tout de même, s’activait inlassablement afin d’exécuter le plan divin conçu par l’État de droit : la population des primates croissait et se multipliait, plus qu’il n’en fallait ; le primate belliqueux faisait inlassablement la guerre à tous ses congénères, il étripait tous ses congénères, du matin au soir et du soir au matin ; et il détruisait méthodiquement et sans désemparer le règne minéral, le règne végétal et le règne animal.

Ainsi, l’État de droit était le principe de légalité et le principe de légalité était l’État de droit. Alors, l’État de droit fut satisfait et dit :

« Cela est juste et bon ! ».

Puis l’État de droit vit qu’en ce cinquième jour, il fallait parfaire son œuvre, guider le primate dans cette mission divine. Car le primate irresponsable était très intelligent, mais pas tant que ça tout de même, il n’était pas assez inventif.

Alors, l’État de droit fut courroucé et Il convoqua le primate, et Il s’adressa à lui individuellement et lui ordonna : « Invente des robots et des machines ! Des robots qui calculent à la vitesse de la lumière, cette lumière que J’ai créée le premier jour ! Des machines puissantes, afin de détruire sans désemparer le règne minéral, le règne végétal et le règne animal, que J’ai créés le deuxième jour ! Afin de raboter les montages, de combler les plaines, d’ériger des montagnes sur les plaines ; des machines puantes et bruyantes afin d’inonder les terres émergées avec l’eau des océans, afin de remplir les océans avec la terre des terres émergées ; afin de transformer les forêts en déserts ! Car Je t’ai créé à mon image le troisième jour ! »

Le primate imprévisible descendit de son arbre, où il vivait, se présenta devant l’État de droit et s’inclina respectueusement devant son Créateur, l’État de droit, vit qu’Il était courroucé et écouta soigneusement son Créateur. Et le primate truculent s’en alla dans son arbre et s’activa afin d’exécuter cet ordre divin de son Créateur, l’État de droit, qui l’avait créé à son image.

Alors, l’État de droit contempla son œuvre, et surtout ce primate qu’Il chérissait par-dessus tout, parce qu’Il avait créé à son image ; Il vit que cela était juste et bon, et l’État de droit fut satisfait et dit :

« Ceci est juste et bon ! »

Alors s’acheva le cinquième jour.

LE SIXIÈME JOUR

L’État de droit se réveilla, vit que le soleil brillait dans le ciel. Puis Il bâilla, se gratta un peu, se leva et s’étira. Et l’État de droit s’assit sur son Trône et contempla son œuvre.

Et Il se rappela qu’il avait créé la lumière et l’Éternité et le principe de légalité le premier jour, puis l’Univers le deuxième jour, mais aussi le règne animal, le règne végétal, le règne animal ; et même, le troisième jour, Il avait créé un primate insolite, Il l’avait créé à Son image. L’État de droit se souvint aussi qu’Il avait confié au primate insolite une mission divine le quatrième jour, qu’Il lui avait donné une compagne le quatrième jour, et qu’Il lui avait secoué les puces le cinquième jour.

Alors, l’État de droit vit que le primate intelligent, mais pas tant que ça tout de même, s’activait inlassablement afin d’exécuter le plan divin conçu par l’État de droit : la population des primates croissait et se multipliait, plus qu’il n’en fallait ; le primate belliqueux faisait inlassablement la guerre à tous ses congénères, il étripait tous ses congénères, du matin au soir et du soir au matin ; et il détruisait méthodiquement et sans désemparer le règne minéral, le règne végétal et le règne animal.

En vérité, l’État de droit était le principe de légalité et le principe de légalité était l’État de droit. Alors, l’État de droit fut satisfait et dit :

« Cela est juste et bon ! »

L’État de droit vit qu’en ce sixième jour, il fallait parfaire son œuvre, guider le primate et l’aider à accomplir la mission divine.

L’État de droit vit que l’esclavage avait été rétabli par un général devenu empereur. Il décida alors d’abolir l’esclavage par décret du 27 avril 1848.

L’État de droit vit qu’une rébellion avait été fomentée en Nouvelle-Calédonie et, en 1879, Il ordonna au primate de faire guillotiner le meneur de l’insurrection.

L’État de droit vit qu’il fallait pacifier le Tchad et, en avril et mai 1899, Il ordonna au primate d’y envoyer la colonne Voulet-Chanoine.

L’État de droit vit que de nombreux pacifistes avaient été fusillés pour l’exemple de 1914 à 1918, et Il ordonna au primate d’en réhabiliter quelques-uns.

L’État de droit vit que le primate avait inventé le camp de Drancy, la villa Susini, le camp de Lodi, et, tout récemment, la torture électromagnétique.

L’État de droit vit que le primate avait aussi édifié de nombreuses centrales nucléaires, que toutes les centrales nucléaires avaient été édifiées sur des failles sismiques ou au bord des océans ou dans des zones inondables, et même parfois les trois à la fois.

L’État de droit vit qu’il était très difficile de consulter les actes administratifs. Alors, l’État de droit fut courroucé et Il fit voter la loi du 17 juillet 1978 afin que le bon peuple puisse consulter les actes administratifs. Alors, le bon peuple put enfin consulter les actes administratifs, comme l’avait ordonné l’État de droit.

L’État de droit vit que les actes administratifs n’étaient pas motivés. Alors, l’État de droit fut courroucé et Il fit voter la loi du 11 juillet 1979 afin que la motivation des actes administratifs devienne obligatoire. Alors, tous les actes administratifs furent motivés, comme l’avait ordonné l’État de droit.

Mais l’Arsouille, qui avait été ministre de la police et ministre de la justice avant les accords d’Évian, vit que la consultation des actes administratifs et la motivation des actes administratifs étaient dangereuses pour l’État de droit, car le primate imprévisible voudrait un jour devenir calife à la place du calife, et se rebellerait alors contre l’État de droit, son Créateur.

Alors, l’Arsouille fut élu en mai 1981 et il décida de privatiser toutes les administrations. Et tous les actes administratifs devinrent alors des actes civils. Alors, les administrations n’eurent plus besoin de motiver les actes administratifs, car il n’y avait plus d’administrations et il n’y avait plus d’actes administratifs. Et le bon peuple ne put plus jamais consulter les actes administratifs, car il n’y avait plus d’administrations et il n’y avait plus d’actes administratifs. Par un trait de plume, la loi du 17 juillet 1978 et la loi du 11 juillet 1979 avaient été vidées de leur substance. Car l’Arsouille avait vidé ces lois de leur substance et avait rempli ces lois de lui-même.

Alors, l’État de droit créa le barreau de Paris et ses avocats sans scrupules. Et Il créa même mademoiselle Jean-Louis, la célèbre avocate spécialisée dans les escroqueries successorales, et son complice le notaire commis.

Alors, l’État de droit contempla son œuvre, et surtout ce primate adorable qu’Il chérissait par-dessus tout, parce qu’Il avait créé à Son image et qu’Il lui avait trouvé une petite fiancée épidémiologique et délurée.

L’État de droit vit que cela était juste et bon ; après avoir inspecté la canopée, l’État de droit fut satisfait et dit :

« Ceci est juste et bon ! »

Alors s’acheva le sixième jour.

LE SEPTIÈME JOUR

L’État de droit se réveilla, vit que le soleil ne brillait pas dans le ciel. Le ciel était empli de nuées, de nuages sombres et menaçants. Le vent soufflait avec violence et des trombes d’eau tombaient du ciel. L’État de droit ne bâilla pas, ne se gratta pas, se leva et ne s’étira pas ; Il s’assit aussitôt sur le trône, mais le dîner de la veille avait été trop copieux. Alors l’État de droit fut courroucé, Il se leva et Il resta debout à côté du trône, sans se rasseoir. Et Il rajusta sa tenue, mais ne nettoya pas le trône tout barbouillé, Il rajusta sa tenue et Il examina ce qui restait de son œuvre.

Le ciel était empli de nuées, de nuages de plus en plus sombres et de plus en plus menaçants, de plus en plus nombreux, innombrables comme les criquets venus du désert. Le vent soufflait avec une grande violence et d’innombrables trombes d’eau tombaient des cieux.

Alors, l’État de droit fut inquiet et dit :

« Voilà qui ressemble à un Crépuscule des Dieux ! »

Et l’État de droit se rappela qu’Il avait créé la lumière et l’Éternité et le principe de légalité le premier jour, puis l’Univers le deuxième jour, mais aussi le règne animal, le règne végétal, le règne animal ; et même, le troisième jour, Il avait créé un primate insolite, Il l’avait créé à Son image. L’État de droit se souvint aussi qu’Il avait confié au primate insolite une mission divine le quatrième jour et qu’il l’avait aiguillonné le cinquième jour, parce que l’irremplaçable primate lambinait. L’État de droit contempla tout ce qui avait été accompli le sixième jour.

Surtout, c’était sa grande fierté, l’État de droit était le principe de légalité et le principe de légalité était l’État de droit.

Les six premiers jours, l’État de droit avait accompli d’innombrables tâches, Il avait mérité un jour de repos. Le septième jour devait être le jour de repos, car l’État de droit avait travaillé sans relâche, sans désemparer. C’est pourquoi Il avait mérité de se reposer le septième jour.

Alors, l’État de droit vit que le primate intelligent, mais pas tant que ça tout de même, avait exécuté le plan divin et qu’il ne restait plus grand chose à détruire. Tout ce qui avait été créé par par l’État de droit avait été détruit par le primate obéissant. Le primate belliqueux avait inlassablement fait la guerre à tous ses congénères, il avait trucidé tous ses congénères, du matin au soir et du soir au matin ; et il avait détruit méthodiquement et sans désemparer le règne minéral, le règne végétal et le règne animal.

L’État de droit vit que le ciel était empli d’éclairs et de nuées, de nuages de plus en plus ténébreux et de plus en plus effrayants, de plus en plus nombreux, plus innombrables encore que les criquets portés par les bourrasques du désert. Le vent tourbillonnait et soufflait avec une immense violence, le tonnerre grondait, les éclairs sillonnaient les cieux et d’innombrables trombes d’eau tombaient sans cesse du ciel.

Alors, l’État de droit fut tourmenté et dit :

« Voilà qui ressemble à un Crépuscule des Dieux ! »

Et l’État de droit fut anxieux et dit :

« Ça sent le roussi ! Le moment est venu de filer discrètement ! ».

Et l’État de droit fut angoissé et dit :

« Ça sent l’embrouille ! Il faut filer, avant que la volaille arrive, avec sirènes et gyrophares ! ».

Et l’État de droit décida de disparaître. L’État de droit décida d’hiberner jusqu’à la fin des temps, pendant toute l’Éternité, aussi longtemps que durera l’Éternité, et Il disparut.

Et le primate resta seul, sans son Créateur, qui l’avait créé à son image.

Il n’y eut plus d’État de droit, car Il avait disparu, Il avait filé sans laisser d’adresse. Et il ne resta plus que le Néant et le primate resta seul, sans son Créateur, qui l’avait créé à son image. Seul avec la mondaine dopée au cortisol capillaire et shootée à l’endométriose.

Ainsi s’acheva le septième jour.

LE HUITIÈME JOUR

 

Il n’y eut pas de huitième jour, parce que l’État de droit avait disparu.

L’État de droit, qui était unique, omniscient et infaillible, avait disparu.

Car Il avait disparu, discrètement, sans laisser d’adresse, avant que la volaille arrive avec sirènes et gyrophares.

Le primate eut beau Le chercher, il ne Le trouva point.

Il n’y avait plus personne pour donner des ordres divins à l’inestimable primate. Et le primate désemparé était désormais sans protecteur, sans guide, sans ordres divins, sans boussole, sans fanal dans l’obscurité, seul dans sa canopée avec sa dulcinée.

L’État de droit avait disparu.

Et seul l’État de droit, l’Unique, l’Omniscient, l’Infaillible, savait créer les jours.

C’est pourquoi il n’y eut pas de huitième jour.

Il n’y eut plus d’État de droit. Il n’y eut plus que la loi du plus fort. Malheur aux vaincus !

Il n’y avait plus que le Néant, parce que l’État de droit avait disparu.

Il n’y avait plus que le Néant et l’Éternité.

Or, l’Éternité, c’est long, très long, vraiment très long.

Surtout vers la fin.

Bibliographie sommaire :

  • Ancien Testament (Gn, I-II,4a et aussi Gn, II,4b-IV,26)
  • Nouveau Testament (Jn, 1-5)

[01/04/2022]

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